RGPD Par le 17/07/2024 06:56

A partir de quand traite-t-on des données?
Car l’examen de la jurisprudence en témoigne: tout est traitement, rien n’est traitement, c’est la dose qui fait le traitement! Illustration avec quelques cas récents, et parfois mal interprétés.

Le 28 mars 2023, le Conseil d’Etat autrichien a ainsi considéré que des suppositions émises par des personnes – en l’absence de toute donnée – ne constituaient pas un traitement. Des éléments « positifs » conditionneraient ainsi la caractérisation d’un traitement de données (VwGH, 28 mars 2023, n° Ro 2019/04/0232).

La messagerie électronique, symptomatique de la difficulté
Du concret? Alors si une personne adresse un e-mail à un destinataire erroné, là, c’est un traitement, et a fortiori dépourvu de base juridique? Non. en tout cas, pas en Belgique, l’Autorité de Protection des Données ayant considéré qu’il s’agit alors d’une erreur humaine – et donc potentiellement, d’un défaut de sécurité – et non pas d’un traitement (APD belge, 3 avril 2024, n° 52/2024). Outre un élément positif, il faudrait alors une intention.

A côté de çà, la personne convertissant le contenu d’un QRcode en texte, quand bien même ne serait-il pas conserver, pour le lire ait vue comme traitant des données (CJUE, 5 octobre 2023, Ministerstvo zdravotnictví, n° 659-22).

Cela devient délicat. Surtout si le très récent arrêt Endemol Shine Finland Oy est lu trop vite.

Et le fichier, dans tout ça?
Dans cet arrêt, la CJUE considère qu’une communication orale est un moyen de traitement (CJUE, 7 mars 2024, Endemol Shine Finland Oy, n° C-740.22), et non pas une “simple » atteinte à la sécurité (XXX). Certes. Mais le caractère métonymique du terme doit ici être pris en compte. La Cour a en effet restreint la portée de sa décision aux données déjà contenues ou appelées à être contenus dans un « fichier ». Dans le cadre de processus non automatisé, la décision fait ainsi plus figure d’arrêt d’espèce que de jurisprudence interprétative.

🗣️ Ok. Mais dans la pratique, que faire? 🗣️
1️⃣ Se poser et réfléchir, idéalement à plusieurs : êtes vous en face d’un traitement? Avez-vous l’intention de traiter des données?
2️⃣ Examiner le niveau de risque : plus les données sont exposées, plus un traitement doit être caractérisé.
3️⃣ Partager le risque : au moindre doute, prendre conseil permet de limiter le niveau de risque.

En tout état de cause, doit être pris en compte un certain « aléa juridictionnel » : les décisions des autorités de protection des données sont empreintes de casuistique, pour ne pas dire de politique juridique.

Avez-vous eu à gérer de telles situations? Des RETEX, des craintes ou des axes de préparation différents? Partagez-les en commentaires.

Des cas délicats à gérer ? Des doutes quant à la qualification de certaines activités ? N’hésitez pas à me contacter.